Zoom sur le projet enfants du centre d'accueil de Natoye
Depuis près de dix ans, le centre d’accueil pour demandeur·se·s d’asile de Natoye s’est spécialisé dans l’accueil des familles grâce à son projet enfants, qui répond aux besoins spécifiques des enfants dont les vies ont été bouleversées par l’exil.
Une étude réalisée auprès des familles accueillies a révélé un phénomène récurrent : la parentification des enfants. En raison de leur rapidité à apprendre le français, les enfants se retrouvent souvent à assumer des responsabilités d’adultes, notamment en aidant leurs parents dans les tâches administratives. Par ailleurs, l’expérience migratoire peut ajouter une pression émotionnelle, certains enfants se sentant inconsciemment responsables du départ familial. Le projet enfants vise à alléger cette charge mentale en permettant aux enfants de retrouver leur place d’enfant dans un environnement sécurisant et valorisant.
Deux espaces adaptés aux besoins des enfants
Au centre, deux espaces spécialement conçus répondent aux besoins des enfants : une ludothèque et un refuge.
- La ludothèque, située dans le bâtiment principal, est divisée en coins thématiques (jeux symboliques, créativité, jeux de société, construction, coin lecture), favorisant l’exploration libre et la créativité.
- Le refuge offre un cadre centré sur l’exploration sensorimotrice. Cet espace comprend une salle de psychomotricité et un « espace blanc » inspiré de l’approche Snoezelen, avec des éléments sensoriels tels que des colonnes à bulles et un matelas d’eau, qui procurent une détente profonde et rassurante.
Le jeu libre, clé du développement
Les enfants participent à des séances de jeu spontané où ils choisissent librement leurs activités selon leurs besoins : mouvement, repos ou expression créative. Accompagnés par des psychomotricien·nes et des collaborateur·rices formé·es, ils sont encouragés à explorer, développer leur autonomie et renforcer leur confiance en eux.
Chaque séance suit un rituel structurant : arrivée, retrait des chaussures, lavage des mains, temps d’accueil, heure de jeu libre, puis retour au calme. Ce cadre répétitif et réconfortant contribue à apaiser et sécuriser les enfants et à soutenir leur développement.
Soutien à la parentalité
Les parents, bien qu’invités, ne sont pas obligés de participer aux séances de jeu libre. Cependant, des réunions régulières entre parents et collaborateurs sont organisées pour les accompagner dans leur rôle parental. Ces rencontres abordent des sujets variés comme la scolarité, les règles de vie au centre et les stratégies éducatives, tout en rappelant que les parents restent les principaux référents pour leurs enfants. Cette démarche vise à renforcer leur autonomie et à éviter toute dépendance excessive vis-à-vis de la structure d’accueil.
Un accompagnement quotidien
En plus des séances hebdomadaires organisées au refuge et à la ludothèque, les deux collaboratrices, Zarina et Katharina, chargées du projet enfants accompagnent les familles dans leur quotidien. Elles nous expliquent :
“Tout au long de l’année, nous organisons de nombreuses activités et animations, comme notre fête des enfants en décembre. Nous nous occupons également des stages pendant les vacances scolaires. Mais notre rôle ne s’arrête pas là : nous accompagnons aussi les familles dans leur vie quotidienne. Parfois, nous jouons un rôle de médiatrices en cas de différends ou de conflits entre les enfants ou les familles. Une de nos missions les plus importantes consiste aussi à soigner les arrivées et les départs du centre. Pour les enfants, chaque nouveau départ représente une nouvelle rupture, et nous veillons à ce que cette transition soit la plus douce possible.”
Un impact global positif
Le projet enfants profite non seulement aux enfants et à leur famille, mais aussi à l’ensemble du centre. En offrant un espace-temps adapté aux besoins psychiques et physiques des enfants, il réduit les tensions, les comportements conflictuels et les dégradations matérielles, favorisant une meilleure coopération dans les espaces communs.
Le succès du projet inspire également d’autres initiatives, notamment aux centres de Rendeux et Oignies ou comme celle récemment mise en place dans le centre Fedasil de Poelkappel, en Flandre.