La formation, clé de l’inclusion

Vous l’ignorez peut-être, mais l’accès aux formations fait partie des missions de base de la Croix-Rouge. La formation est en effet une clé essentielle pour l’intégration des Demandeur·se·s de Protection Internationale (DPI) dans leur centre d’accueil, l’environnement local et la société belge en général. Elle renforce les compétences, facilite l’accès à l’emploi et contribue ainsi au développement de l’économie tout en soutenant l’autonomie des demandeur·se·s d’asile et la cohésion sociale.

Au sein des centres d’accueil de la Croix-Rouge, il existe un certain nombre de « référent·e·s » qui, en plus de leurs tâches habituelles, occupent une fonction spécifique. C’est le cas des « référent·e·s formation », qui assurent l’orientation des résident·e·s vers les formations disponibles selon leurs profils et leurs perspectives. Parmi les structures de formations accessibles aux demandeur·se·s d’asile, on retrouve notamment le Forem et la Promotion Sociale, mais aussi les hautes écoles et les universités.

Les « référent·e·s formation » informent et/ou accompagnent également les demandeur·se·s d’asile dans leurs démarches de reconnaissance des diplômes ou des compétences. En Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est le Service d’Equivalence des Diplômes qui traite les dossiers. Et pour les personnes qui disposent de compétence mais ne possèdent pas de diplôme, il existe des Centres de Validation Des Compétences (CVDC) créés par le Forem.

Sophie Nollomont, formatrice Français Langue Étrangère au centre de Jambes

« Un jeune Sud-Américain s’est inscrit à la formation dès son arrivée en Belgique. Quand il a su que je parlais espagnol, il a partagé avec moi quelques bribes de son histoire. Il restait souvent en classe à la fin du cours pour me parler, raconter sa vie dans son pays d’origine et expliquer pourquoi il avait quitté son pays. Il souffrait beaucoup. Quelques semaines après avoir terminé sa formation, il est venu me voir pour me dire merci. Il m’a expliqué fièrement qu’il avait eu un entretien d’embauche, qu’il avait pu parler un peu français et qu’il avait décroché un emploi dans une société de titres-services. »

Hello Belgium

Au sein de la Croix-Rouge de Belgique, un service spécifique accompagne les Demandeur·se·s de Protection Internationale dans leur parcours de formation.

Son nom : Hello Belgium. Concrètement, le service « Hello Belgium » propose une formation qui s’inscrit dans le Parcours d’Intégration. Ce Parcours prévoit notamment un cours de citoyenneté pour lequel Hello Belgium a obtenu l’agrément de la Région Wallonne.

Sur le terrain, la formation se donne dans la langue de la personne, ce qui facilite grandement la compréhension. « Les formateurs sont ainsi dispatchés dans les différents centres en fonction des besoins et de la demande. Notez également que cette formation est ouverte à tous les primo-arrivants » explique Jérôme Snyers du service Hello Belgium.

En 2023, pas moins de 2415 personnes ont participé à la formation « Bonjour Belgique », dont près de 1900 étaient issues des centres Croix-Rouge. Cette formation se déroule durant 10 journées réparties sur 3 semaines. Proposée sur base volontaire, elle permet de mieux comprendre la Belgique et se dispense en français, arabe, anglais, russe, albanais, pashto, dari, somali, espagnol et Tigrigna.

Un résident du centre de Sainte-Ode qui a suivi la formation « Bonjour Belgique »

« À mon arrivée au centre de Sainte-Ode, j’avais beaucoup de problème avec la discipline, que ce soit avec les autres résidents ou avec l’équipe. La formation ‘Bonjour Belgique’ m’a ouvert les yeux et je suis retourné voir la formatrice pour la remercier. Cette formation m’a permis de me remettre en question et de changer mon comportement envers les résidents. Depuis, j’arrive à maîtriser mes colères et mes frustrations. »

Formation professionnelle

La formation reste une valeur sure pour une intégration durable et positive sur le marché de l’emploi.

Hello Belgium a ainsi organisé, en partenariat avec certaines écoles de promotion sociale, 8 formations qualifiantes au cours de l’année 2023, pour 110 participants (soudage, horticulture, restauration, caissier-vendeur-réassortisseur, aide-ménagère sociale, droit international humanitaire).

Grâce à ses partenariats, Hello Belgium permet l’accès à des cours concentrés sur une période plus courte et qui se donnent en journée, ce qui facilite l’usage des transports en commun.

« L’éducation crée des opportunités significatives d’inclusion sociale, d’amélioration d’accès à l’emploi et de meilleures opportunités d’échanges culturels ». (IFRC)

Scolarisation des enfants

La scolarisation des enfants est également un pilier essentiel de leur intégration. Dans les centres d’accueil de la Croix-Rouge, certains collaborateur·rice·s sont également « référent·e·s scolaires ». Ils·elles s’occupent notamment de l’école des devoirs, en partenariat avec des volontaires, et de l’accompagnement des familles. Outre l’acquisition de nouvelles connaissances, la scolarisation offre aux plus jeunes un environnement stable et permet de réduire les inégalités. C’est l’objectif du DASPA, le Dispositif pour l’Accueil et la Scolarisation des élèves Primo Arrivants. Les classes DASPA organisées dans les écoles permettent l’apprentissage du français, mais aussi l’évaluation du niveau des élèves dans les autres matières. Une étape qui permet au corps professoral d’orienter au mieux la scolarité de l’enfant.

Vrai ou faux ?

1. Le programme du parcours d’intégration est le même partout en Belgique.
   
   Faux. Le programme dépend des entités fédérées.

2. Les demandeurs d’asile peuvent suivre le parcours d’intégration avant d’avoir reçu le statut de réfugié.
   
   Vrai et Faux. Ils ne peuvent pas suivre le parcours en Flandre, mais peuvent le suivre en Wallonie et à Bruxelles.

3. Des cours de français peuvent être organisés directement dans les centres d’accueil.
   
   Vrai. C’est particulièrement important dans les centres d’accueil isolés où l’offre de transports publics est faible.

4. Les DASPA (Dispositif d’Accueil et de Scolarisation pour Primo Arrivants) sont destinés à accueillir les jeunes et enfants ne parlant pas le français.
   
   Vrai, mais pas seulement. Les DASPA sont mis en place pour scolariser des jeunes et enfants primo-arrivants qui ne sont pas en possession des documents scolaires reçus dans leur pays d’origine. Il peut donc s’agir d’élèves francophones également.

5. Les demandeurs de protection internationale dépendent essentiellement des transports en communs pour accéder aux formations.
   
   Vrai. C’est une difficulté que beaucoup de personnes rencontrent pour accéder aux formations proposées par la promotion sociale, le Forem et d’autres organismes. Notamment lorsque le centre d’accueil est situé dans un lieu mal desservi ou lorsque les cours se déroulent le soir.