Les centres d'accueil et leurs partenaires, lien social et ancrage local
La mission principale d’un centre Croix-Rouge est d’accueillir les personnes demandeuses de protection internationale le temps que dure leur procédure de demande d’asile. Toutefois, c’est aussi un lieu de vie où se côtoient jusqu’à 750 personnes et plus de 100 nationalités, selon la taille du centre. Si la cohabitation, les moments d’échange et la présence de multiples cultures enrichissent son quotidien, un centre ne pourrait exister sans un ancrage local, soutenu par des partenariats de proximité. La localité dans laquelle il se situe fait partie intégrante de son ADN, c’est un village dans le village.
Des « Initiatives de quartier », mais qu’est-ce que c’est ?
Le mandat, confié par l’État belge à la Croix-Rouge de Belgique, mentionne entre autres l’obligation, pour tous les centres d’accueil, d’organiser des « initiatives de quartier »1. Mais qu’est-ce qu’une « initiative de quartier » ? C’est une action visant à intégrer le centre et ses résident·e·s dans son environnement en favorisant les contacts entre candidat·e·s réfugié·e·s et riverain·e·s afin de soutenir le vivre-ensemble. Ces actions peuvent prendre diverses formes : barbecue, journée portes ouvertes, stage pour enfants, potager participatif, marche Adeps, etc. Ouvertes à toutes et tous, elles représentent des opportunités d’apprendre à se connaitre et contribuent ainsi à la création de lien social.
Le rôle des référent·e·s
Pour soutenir l’organisation de ses initiatives de quartier, chaque centre nomme une personne référente. Ce·tte référent·e est un·e collaborateur·rice qui, en plus de ses tâches quotidiennes, se voit désigner une « casquette » pour gérer un domaine d’activités spécifique. Il·elle devient alors la personne de contact privilégiée dans ce domaine.
Le·la « référent·e sensibilisation », quant à lui·elle, veillera à instaurer un dialogue constant avec les riverain·e·s ou les élèves de l’école toute proche par le biais d’activités. Il·elle sensibilisera ainsi à la thématique de l’asile et de la migration en expliquant la raison d’être d’un centre d’accueil, la différence entre un·e demandeur·se d’asile et un·e réfugié·e2, ou encore les différentes raisons qui poussent des milliers de personnes à fuir leur pays, au risque de leur vie3.
D’autres référent·e·s participent également à la création de lien social : le·la « référent·e·animation » est en charge de l’organisation d’activités, dans ou en dehors du centre, qui aident ainsi les demandeur·se·s de protection internationale à s’intégrer dans leur nouvel environnement. Tandis que le·la « référent·e volontariat » aura pour mission de coordonner l’aide précieuse qu’apportent les volontaires au quotidien dans le centre.
Un lien social
Plusieurs centres ont ainsi tissé des partenariats récurrents avec, par exemple, les Compagnons Bâtisseurs ou la plateforme du Service Citoyen dont les membres effectuent un travail bénévole au sein des centres. Ces associations permettent également aux résident·e·s des centres de s’investir en devenant bénévoles à leur tour et ainsi de s’intégrer dans la société.
Se côtoyer, échanger, apprendre à se connaitre et à respecter ses différences contribue à la création d’un lien social propice à une meilleure compréhension mutuelle. Instaurer, soutenir et renforcer ce lien social constitue une véritable pierre angulaire de la Croix-Rouge, qui souhaite ainsi encourager et promouvoir une culture de vivre-ensemble dans la société.
L’inclusion, c’est l’affaire de toutes et tous
Si l’on parle d’intégration, il convient de rappeler qu’il s’agit là d’un processus dynamique, à double sens, d’acceptation mutuelle qui implique donc autant les résident·e·s des centres que les riverain·e·s, membres de la communauté locale qui les accueille. C’est pourquoi on préfèrera le terme « inclusion ».
Pour les personnes migrantes, cela signifie : s’ajuster à une nouvelle société, pouvoir accéder à l’éducation, au logement et au travail, participer à la société civile ou encore établir des relations avec des membres de la société d’accueil. Pour celles et ceux qui accueillent, cela renvoie plutôt au fait de se montrer ouvert et, en tant que société, à respecter les différences pour garantir des opportunités égales aux nouveaux·elles arrivant·e·s.
« L’inclusion, c’est l’affaire de toutes et tous » constituait d’ailleurs le message clé de la Croix-Rouge lors de la journée mondiale des réfugiés du 20 juin dernier ; chacun·e ayant un rôle à jouer pour construire une société plus solidaire et plus humaine.
À la Croix-Rouge, nous encourageons l’inclusion, mais nous la vivons aussi au quotidien : en 2022, 575 demandeur·se·s d’asile ont participé aux Ateliers Citoyenneté, plus de 200 actions de sensibilisation ont été déployées (touchant près de 6.500 enfants et près de 3.000 adultes), 142 initiatives de quartier rassemblant demandeur·se·s d’asile et riverain·e·s des centres d’accueil ont été organisées (avec un total de 7.732 visiteurs) et 1.708 demandeur·se·s d’asile ont suivi une formation proposée par la Croix-Rouge. Enfin, nous dénombrons parmi les résident·e·s de nos centres d’accueil plus de 1.000 volontaires actif·ve·s !
Les partenariats locaux, au-delà du lien social
Au-delà du lien social, pour fonctionner, un centre a besoin d’interagir avec l’extérieur : cela se fait au bénéfice de ses résident·e·s, mais également de la population locale. En effet, un centre d’accueil est aussi pourvoyeur d’emplois dans la région ! L’implantation d’un centre Croix-Rouge a un impact positif sur l’économie locale. D’abord, en termes de création d’emploi : le centre engage généralement plusieurs dizaines de collaborateur·rice·s dans les alentours. Ensuite, d’autres intervenants travaillent avec le centre : commerçants locaux, médecins, comptables, agences bancaires…, mais également des fournisseurs de matériel de cuisine, de nettoyage, de papeterie, etc.
C’est un lien de fonctionnement qui se crée alors, générant d’autres formes de partenariats, grâce aux activités opérationnelles du centre.
Devenez, vous aussi, partenaire
Les partenaires de centres d’accueil de la Croix-Rouge sont précieux. Devenez, vous aussi, partenaire du centre proche de chez vous, participez à ses activités, donnez de votre temps bénévolement pour les personnes que nous accueillons… Retrouvez toutes les manières de passer à l’action ici.
1. Loi Accueil (2007) – article 52
2. Un demandeur d’asile devient réfugié lorsqu’il obtient une réponse favorable à sa demande de protection internationale. Il a dès lors le droit de rester en Belgique et quitte alors le centre d’accueil.
3. Notamment la guerre et les persécutions en raison du genre, de l’orientation sexuelle, des opinions ou encore de la nationalité.