Les ateliers citoyenneté, un premier pas vers l’intégration
Les demandeur·se·s de protection internationale accueilli·e·s dans les 27 centres de la Croix-Rouge en Wallonie et à Bruxelles viennent de pays variés, dont la culture et les usages sont parfois bien différents de ceux de la Belgique. Il est important que les candidat·e·s réfugié·e·s appréhendent le mieux possible leur nouvel environnement pour y évoluer sereinement et s’y sentir bien, tout en restant qui ils·elles sont, avec leurs propres origines et bagage culturel. Les ateliers citoyenneté proposés dans nos centres sont là pour les y aider.
Rester acteur de son quotidien
La Croix-Rouge accueille les demandeur·se·s de protection internationale (autrement dit « d’asile ») le temps que dure leur procédure. Pour la Croix-Rouge, il est essentiel que ces personnes restent actrices de leur quotidien et cherchent à se faire une place dans leur nouvel environnement en attendant l’issue de leur procédure de demande de protection ; d’autant que cette dernière peut être longue et lente.
Des ateliers citoyenneté pour informer, échanger, réfléchir
Chaque centre demande aux nouveaux·elles arrivant·e·s de participer à un atelier citoyenneté de 2 heures. Il s’agit d’un moment d’échange en groupe animé par un duo de collaborateur·rice·s et/ou volontaires formé·e·s. Les thèmes abordés concernent les normes et valeurs en Belgique.
Dans un cadre accueillant et bienveillant, l’objectif est d’engager un dialogue et d’échanger des points de vue sur des sujets liés à la société ou aux lois en vigueur en Belgique. Cet atelier permet également d’informer tous les résidents du centre d’accueil des normes sociales et juridiques actuelles concernant les libertés individuelles, l’égalité, le vivre ensemble, le respect, la famille et la citoyenneté. Les échanges ont en outre pour but d’amener à une réflexion sur les ponts existants entre les normes et valeurs d’un pays à l’autre.
Cet atelier se veut une discussion ouverte, un moment de partage, où chacun apprend des choses des autres.
Les ateliers citoyenneté sont des moments riches pour tous. Les participant·e·s apprennent énormément de choses sur la Belgique, mais également sur les nombreuses autres cultures qu’ils·elles vont côtoyer au sein du centre d’accueil, dont certaines sont très différentes de la leur. Les échanges apportent beaucoup aux animateur·rice·s : ils·elles en apprennent, probablement autant que les participant·e·s, notamment sur la façon dont ces dernier·e·s perçoivent certaines pratiques en Belgique… et cela peut parfois être surprenant, comme l’explique Mélanie, animatrice au centre d’Arlon :
« Lors d’un atelier en juillet dernier, un participant se questionnait sur les religions et a demandé si, en Belgique, les bouddhistes étaient nombreux. Avec mon co-animateur Rakis, nous avons été étonnés par la question, le bouddhisme étant une religion très minoritaire dans le pays. Le candidat réfugié a alors ajouté : “depuis que je suis arrivé, je vois beaucoup de statues de Bouddha !”. Sa réflexion était tout à fait logique, il ne pouvait pas savoir que ces statues sont rarement dotées d’un véritable sens religieux. Mais nous n’aurions jamais pensé qu’elles puissent amener cette confusion… »
La présence de volontaires (formé·e·s eux·elles aussi) aux ateliers est vivement encouragée, pour qu’ils·elles soient là en tant que « participant·e·s représentant·e·s du public belge », afin d’alimenter les échanges dans une perspective de prise de conscience et de respect de la diversité, de réseautage et de rencontres multiculturelles.
L’équipe des ateliers citoyenneté au centre d’Arlon
Et après ? Quels sont les autres facteurs favorisant l’inclusion sur lesquels agir ?
La formation « Bonjour Belgique » est également proposée aux demandeur·se·s de protection internationale des différents centres de la Croix-Rouge. Celle-ci est reconnue dans le parcours d’intégration1 et vise à renforcer l’autonomie, les connaissances et les compétences des demandeur·se·s de protection internationale par rapport à leur parcours migratoire et à leur vie en Belgique.
L’atelier citoyenneté et cette formation sont ainsi un premier pas vers l’intégration. Cependant, rien de tel que de se confronter réellement à son nouveau monde pour y trouver sa place. Cela est notamment possible grâce aux formations qualifiantes, à l’apprentissage du français, au travail ou au volontariat : des activités qui, dans tous les cas, favorisent les échanges avec la population et permettent aux candidat·e·s réfugié·e·s de créer des liens sociaux, de s’intégrer peu à peu.
En effet, « L’intégration est un processus à double sens, impliquant à la fois les migrants et la société d’accueil »2. Dans le contexte migratoire actuel, lutter contre les préjugés et les discriminations passe par la multiplication des rencontres et la favorisation des échanges. C’est une clé au vivre ensemble harmonieux que la Croix-Rouge tend à développer toujours davantage.
Ainsi, si les candidat·e·s réfugié·e·s sont incité·e·s à rencontrer la population de diverses manières, la Croix-Rouge propose également aux citoyen·ne·s de venir à la rencontre des personnes qu’elle accueille de différentes manières : en devenant volontaire dans le centre le plus proche ou, plus simplement, en participant aux activités organisées par celui-ci.
C’était d’ailleurs le message de notre campagne De part et d’autre pour la journée mondiale des réfugié·e·s du 20 juin dernier : la rencontre enrichit, des liens se créent entre les personnes, car nous sommes tous humains.
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1 Le parcours d’intégration est obligatoire pour certaines personnes primo-arrivantes, mais il est accessible à tous. Il aborde les sujets du logement, de la santé, des institutions, de la scolarité des enfants, des possibilités de se former, du travail, etc. Pour en savoir plus : https://parcoursintegration.be/fr/.
2 Platform for European Red Cross Cooperation on Refugees, Asylum Seekers and Migrants, Guidelines on integration of migrants, 2013.