Mutilations génitales féminines : déconstruisons les idées reçues !
L’excision – et les autres formes de mutilations génitales féminines – font partie des violences subies par les femmes en raison de leur genre. Elles peuvent être une cause de migration et un motif de protection internationale. Dans les centres d’accueil Croix-Rouge, nous accueillons nombre de filles et femmes concernées. Mais les idées reçues sur les MGF sont tenaces et stigmatisent, à tort, les personnes concernées…
Les mutilations génitales féminines, c’est quoi exactement ?
Les mutilations génitales féminines (MGF) recouvrent, selon l’OMS, l’ensemble des « interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non thérapeutiques ».
On les appelle plus communément « excision », mais en réalité l’excision n’est qu’une MGF parmi d’autres (telles que la clitoridectomie, l’infibulation, l’incision ou encore la cautérisation).
L’UNICEF a estimé que le nombre de filles et femmes ayant subi une forme de MGF dans le monde s’élevait à 200 000 millions en 2016 !
Un motif de protection internationale
Parmi les motifs de demande de protection internationale se trouve la persécution pour l’appartenance à « un certain groupe social », expression qui peut recouvrer le genre. Les MGF étant des actes de persécution liée au genre, en être victime – ou risquer de l’être – peut donc constituer un motif d’obtention du statut de réfugié en Belgique. La Croix-Rouge de Belgique accueille ainsi de nombreuses personnes concernées par les MGF et leur propose un accompagnement spécifique.
De nombreuses idées reçues à déconstruire
Les MGF ne sont pas aussi bien connues du grand-public qu’on pourrait le croire. Dès lors, de nombreuses idées reçues sont véhiculées à leur sujet. Cela entraine une mauvaise compréhension des personnes concernées par les MGF, qu’elles soient « victimes » ou auteur·e·s de celles-ci.
Ainsi, beaucoup pensent que les mutilations génitales féminines ne sont pratiquées qu’en Afrique, et plus spécifiquement dans les communautés noires musulmanes. Or, il s’agit là d’une vision néocoloniale des choses, car ces pratiques sont répandues dans bien d’autres régions du monde : dans plusieurs pays d’Asie et du Moyen-Orient, mais aussi dans des communautés autochtones d’Amérique du Sud (en Colombie, par exemple) ou encore des communautés kurdes d’Irak ou de Syrie. Aujourd’hui, les MGF existent dans plus de 90 pays.
Par ailleurs, l’idée qu’une femme ayant subi une mutilation génitale est forcément une victime passive est très développée. Bien entendu si une MGF doit être considérée comme une violence, c’est très réducteur de considérer ce seul élément pour définir l’identité d’une personne. Nombre de ces femmes sont réellement actrices de leur vie. Les réduire constamment au statut de femme mutilée ne les aide certainement pas à se reconstruire (même si, pour certaines, être reconnues comme victime est une étape nécessaire au processus de reconstruction).
On voit aussi les personnes qui pratiquent – ou permettent – les excisions et autres mutilations comme barbares. Cependant, la question de la victime et du bourreau est nettement plus complexe qu’elle y parait sur cette thématique. Il y a énormément de normes sociales qui entourent ces pratiques et dont il faut tenir compte : une femme qui décide de faire exciser sa fille par exemple, n’a parfois pas d’autre choix si elle veut que son enfant soit acceptée par la communauté. Les MGF ne sont pas une pratique intime qui relève uniquement de la sphère familiale.
D’autres idées reçues sont, par exemple, que les femmes excisées doivent être « réparées », que la loi belge protège tous les enfants des mutilations génitales ou encore que la circoncision et l’excision sont des pratiques qui n’ont rien en commun.
Vous avez envie d’en savoir plus ? Dans sa brochure Mutilations sexuelles : déconstruire les idées reçues, le GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles) déconstruit, une à une, 13 idées reçues concernant les MGF.
Un accompagnement spécifique dans nos centres d’accueil
À l’occasion de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (le 6 février), une journée d’animation et de réflexion est organisée avec le GAMS pour des résidentes de nos 4 centres namurois autour de la question « Comment agir contre les MGF ? ». C’est une action parmi d’autres pour accompagner les personnes concernées par les MGF résidant dans les centres d’accueil de la Croix-Rouge.