L’accompagnement des MENA dans nos centres d’accueil
À l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, ce 20 novembre, nous avons voulu mettre en avant un public particulier que nous accueillons dans nos centres Croix-Rouge : les MENA. Qui sont ces jeunes ? Quels sont leurs droits et leurs besoins ? Comment adaptons-nous notre accueil pour y répondre ?
Les MENA, un public particulièrement vulnérable
Les MENA, ce sont les Mineur·e·s Étranger·ère·s Non Accompagné·e·s. C’est-à-dire tout·e jeune de moins de 18 ans arrivant en Belgique seul·e, sans parent ni tuteur·rice. Chaque MENA a droit à l’accueil en Belgique et ce, quel que soit son statut de séjour.
Ces enfants arrivent ici après un parcours migratoire particulièrement difficile. Pour certain·e·s, le trajet est préparé par la famille, pour d’autres, non. Dans tous les cas, le trajet est très coûteux et périlleux. Les jeunes se retrouvent face à des passeurs peu scrupuleux qui abusent de leur vulnérabilité. Beaucoup d’entre eux·elles subissent des violences sexuelles ou d’autres types, sont exploités économiquement ou sexuellement, sont arrêtés sans raison… Certain·e·s ont fui leur pays seul·e·s, alors que d’autres ont perdu leur famille sur la route.
De nombreux jeunes qui arrivent ici sont fort abîmé·e·s et ont une confiance en l’adulte très altérée. À cela s’ajoutent la violence administrative de la demande d’asile (et la longue attente qui l’accompagne) et la difficulté du parcours d’intégration. Ces enfants sont ainsi un des publics les plus vulnérables accueillis dans nos centres.
Les droits des MENA
Les MENA sont bien entendu concerné·e·s par les droits de l’enfant. Leur statut de MENA en Belgique leur confère d’autres droits :
- L’accompagnement par un tuteur ou une tutrice : entre janvier et septembre 2021, 2456 MENA ont été signalé·e·s au Service des tutelles qui leur désigne un tuteur ou une tutrice et les intègre dans le réseau d’accueil. Le·la tuteur·rice a pour rôle de conseiller le·la jeune, de veiller à trouver la solution la plus durable pour lui (demande d’asile ou autre), etc.
- Un accueil adapté : à la suite de leur signalement au Service des tutelles, les MENA passent entre 15 jours et un mois dans un centre d’observation et d’orientation (COO) avant d’être orienté·e·s vers une structure collective de Fedasil ou de la Croix-Rouge, par exemple, ou gérée par l’Aide à la jeunesse.
- L’accès àune éducation adaptée avec apprentissage des langues nationales, une aide sociale, des soins médicaux, une aide juridique.
- Pas d’expulsion possible avant l’âge de 18 ans.
Un accompagnement adapté dans nos centres d’accueil
La Croix-Rouge accueille des MENA dans ses centres pour demandeur·se·s d’asile depuis 2011. Au fil des années, nous avons mis en place différentes choses pour répondre au mieux à leurs besoins.
Les équipes sont formées aux spécificités de ces enfants afin de leur offrir un accompagnement protecteur et adapté à leurs besoins. Toutes nos actions reposent sur deux grands piliers :
- L’intérêt supérieur de l’enfant : lorsqu’on prend une décision relative à un·e mineur·e, son intérêt supérieur doit toujours primer ;
- La solution durable : l’objectif est d’élaborer avec le·la mineur·e un projet de vie à long terme et de trouver la solution la plus adéquate pour lui·elle.
Les personnes accompagnant les MENA dans les centres Croix-Rouge travaillent ainsi sur 4 axes :
- L’accompagnement à leur construction identitaire : on cherche à savoir qui est le·la jeune, quelles sont ses ressources et compétences pour l’aider à trouver ce qu’il·elle aime et développer un projet d’avenir.
- Le déploiement d’une vie relationnelle et sociale : on aide le·la jeune à découvrir avec qui il·elle vit en Belgique. Ce volet sous-entend l’intégration (ateliers citoyens, formations…) et vise à aider les jeunes à trouver le juste milieu entre leur culture d’origine et la nouvelle culture dans laquelle ils·elles sont plongé·e·s en Belgique.
- La protection et la promotion d’un sentiment de sécurité : les MENA sont hébergé·e·s dans des centres/ailes/couloirs MENA qui répondent à des normes strictes. Nous veillons à leur fournir un cadre adéquat, un lieu où ils·elles sont en sécurité, avec du personnel formé et en nombre suffisant…
- L’accompagnement qui facilite leur autonomie et le développement des apprentissages : c’est la préparation à la une vie autonome, à la vie après le centre. On travaille sur la gestion du budget, la vie relationnelle affective et sexuelle, la sécurité incendie, les soins de santé…
Notre projet d’accompagnement vise avant tout la protection des jeunes, mais va aussi au-delà en mettant tout en œuvre pour qu’ils·elles puissent se relever de ce parcours difficile et s’épanouir dans un projet qui leur convienne.