Frontière greco-turque : Les migrants ne doivent pas être utilisés comme un outil politique. L’Union Européenne et les Etats-membres doivent agir en solidarité maintenant.
La situation à la frontière greco-turque est inacceptable. La Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge appelle l’Union Européenne et les États membres à éviter d’utiliser les migrants comme un outil politique et à assumer leurs responsabilités de protéger et de sauver des vies.
Que se passe-t-il à la frontière greco-turque ?
Le 27 Septembre 2019, le gouvernement turc a annoncé qu’il ne stopperait plus les réfugiés qui essayeraient de traverser la frontière par la terre ou par la mer vers l’Europe. Depuis cette annonce, des milliers de migrants se sont rassemblés aux frontières de la Grèce et de la Bulgarie, tentant de les traverser. L’Organisation Internationale de la Migration (OIM) a reporté un nombre de 13.000 migrants le long de la rivière Evros, près de la ville frontalière turque d’Edirne.
En réponse, les gouvernements grec et bulgare ont renforcé leurs mesures de sécurité aux frontières et ont déployé leurs forces armées pour empêcher les migrants d’entrer. En Grèce, plusieurs confrontations ont eu lieu entre des migrants et la police, comprenant l’utilisation de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour l’une et le jet de pierres pour les autres.
Les arrivées sur les îles grecques ont augmenté drastiquement; plus de 1000 migrants ont atteint les îles de l’est de l’Égée durant le week-end du 1er mars. À Lesbos, la colère de la population locale sur la situation migratoire a engendré des débordements. Certains résidents ont empêché des personnes de débarquer d’un canot. Un enfant est mort après qu’un bateau transportant des migrants ait chaviré.
En réponse aux arrivées, le gouvernement grec a annoncé que pendant un mois, la Grèce n’accepterait aucune demande d’asile des migrants qui entrent dans le pays et qu’ils seraient immédiatement transportés dans le pays d’où ils viennent.
Selon un rapport de l’UNHCR, plus de 115.600 migrants sont aujourd’hui bloqués en Grèce, dont 41.200 sur les îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos.
Le Croissant Rouge en action
Le Croissant Rouge turc et ses branches locales ont mobilisé une équipe d’évaluation de la situation sur place. Des équipes mobiles d’urgence ont distribué des vêtements chauds, des couvertures et de la nourriture, mais ont aussi fourni un accès à Internet permettant aux personnes de contacter leur famille.
Une situation inacceptable pour la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge
« Il est inacceptable que des enfants et des familles soient exposés à des gaz lacrymogènes et à la violence ou qu’ils risquent leurs vies dans la Mer Égée. Nous ne resterons pas silencieux face à cette situation humanitaire urgente, qui peut s’aggraver dans les prochaines heures et les prochains jours », affirme Fransesco Rocca, président de la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge (FICR).
Alors que les gouvernements ont le droit et la responsabilité de fixer des politiques de migration et de contrôler leurs propres frontières, des démarches doivent être réalisées pour assurer que l’implantation de telles politiques n’augmente pas la souffrance.
« Les États-membres de l’Union Européenne doivent répondre dans un esprit de solidarité à la récente augmentation du nombre de personnes cherchant refuge dans les frontières externes de l’UE. Ils doivent assumer leurs responsabilités de protéger et de sauver des vies », poursuit Fransesco Rocca.
« Nous appelons l’UE et les gouvernements nationaux à éviter d’utiliser les migrants comme un outil politique afin d’assurer que les demandeurs d’asile puissent demander la protection internationale en accord avec les lois de l’Union Européenne et les lois internationales. L’accès à l’assistance humanitaire et aux services essentiels, incluant les soins de santé, doivent être garantis à tous, en particulier aux enfants et aux autres groupes vulnérables » ajoute-il.