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L’accueil et la migration

Mutilations génitales féminines et migration

Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF). Carine Vansimsen, référente des MGF au sein du centre d’accueil de Rocourt, nous aide à faire le point sur le lien entre migration, asile et MGF.

Que sont les mutilations génitales féminines (MGF) ?

Cette pratique d’ordre culturel relève quatre types de mutilations pratiquées :

  • La clitoridectomie (type 1) qui consiste en une ablation partielle ou totale du clitoris.
  • L’excision (type 2) : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres avec ou sans les grandes lèvres.
  • L’infibulation (type 3) : rétrécissement de l’orifice avec fusion des petites lèvres et/ou grandes lèvres.
  • Le type 4 qui regroupe les pratiques d’autres mutilations génitales (incision, cautérisation, etc.).

Les dames touchées par les MGF vivent au quotidien les séquelles de cette pratique (douleurs lors de leurs menstruations, difficultés pour uriner, infections gynécologiques, perte de libido, douleurs lors de rapports sexuels, mort du bébé lors d’un accouchement,  problèmes liés à l’estime de soi).

Cette pratique est généralement réalisée dès l’enfance voir lorsque l’enfant est encore un bébé…

Dans quelle mesure les centres d’accueil pour demandeurs de protection internationale de la Croix-Rouge, et en particulier celui de Rocourt, sont-ils confrontés aux  MGF ?

Le centre de Rocourt est confronté de manière hebdomadaire à la réalité des conséquences de pratiques liées aux MGF. Deux fois par semaine, des permanences spécifiques sont organisées au sein du centre, afin d’y accueillir les dames, résidentes du centre, qui en sont victimes. Une quarantaine de dames (parfois avec leurs filles mineures) fréquentent  ces permanences. Elles sont généralement originaires des pays suivants : Guinée Conakry, Djibouti, Kenya, Erythrée, Côte d’Ivoire et Somalie.

Par ailleurs, si une maman a une petite fille qui n’a pas encore été victime de MGF, l’encadrement psycho-médico-social est aussi primordial. Nous devons alors faire constater l’absence de MGF via un certificat médical type complété par un gynécologue agrée par le CGRA. La Belgique devra alors prendre en compte la nécessité de protéger la petite fille du risque de MGF pratiquée en cas de retour possible vers le pays d’origine. Si un titre de séjour est accordé à la petite fille sur cette base, chaque année un certificat médical devra être transmis au CGRA afin de démontrer qu’elle n’est toujours pas touchée par les MGF.

Lorsque un cas est détecté, comment cela se passe-t-il et quelle est la prise en charge proposée ?

Dès l’arrivée d’une personne possiblement concernée par les MGF au regard de la prévalence possible dans son pays d’origine, elle est d’emblée sensibilisée et informée des actions du Gams (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles). Nous abordons également le cadre légal en vigueur en Belgique. L’article 409 du Code pénal prévoit en effet des sanctions pénales telles que des peines d’emprisonnement.

Lorsque la dame confirme la MGF pratiquée, un rendez-vous est alors pris auprès du gynécologue agréé par le CGRA afin de justifier le type de MGF pratiquée et toutes les conséquences physiques et médicales possibles. Après la constatation du gynécologue, la plupart du temps un suivi psychologique est mis en place.

Chaque mois, des réunions mensuelles sont également organisées par le Gams au sein de notre centre d’accueil à destinations de nos résidentes et résidents, mais aussi de celles et ceux d’autres centres Croix-Rouge. Divers thèmes y sont abordés tels que l’excision, la vie sexuelle, les moyens de contraception, la sexualité, les organes génitaux ou les mariages forcés.

Quelles sont les chances pour une personne victime de MGF ou risquant de le devenir d’obtenir un statut de réfugié en Belgique ?

L’obtention d’un titre de séjour sur base de MGF s’est endurcie. Les femmes touchées doivent vraiment démontrer les complications psycho-médico-sociales en cas de retour au pays d’origine. Les instances d’asile considèrent en effet que si une MGF a déjà été pratiquée, la Belgique ne peut alors plus protéger la dame concernée.

Par contre, si une fille mineure n’a pas encore subi la MGF, la Belgique pourrait protéger cette enfant en fonction du risque encouru de recours à cette pratique traditionnelle en cas de retour vers le pays d’origine.

Il est toujours important de préciser aux instances d’asile que même si une MGF, par exemple de type 3, a été pratiquée sur une dame, celle-ci  pourrait être « désinfibulée » (réouverture des lèvres) suite à une grossesse puis « réinfibulée » après la naissance de son bébé.