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L’accueil et la migration
04.10.2019 |

Témoignage - Il nous raconte son parcours d’exil depuis la Syrie

Après trois années de guerre et 38 jours d’insomnie, ce candidat réfugié décide de quitter la Syrie à la recherche d’une vie en sécurité.

J’ai vécu sous le siège pendant 3 ans et, au cours des 38 derniers jours, je n’ai pas pu dormir du tout. L’armée syrienne avec le Hezbollah libanais et des soldats iraniens tentaient de pénétrer dans ma région. 80 000 personnes dormaient dans les rues et dans les mosquées. Il n’y avait pas de nourriture, pas d’eau. Il y a par contre une chose qui était là en permanence : l’odeur du sang.

Le départ

J’ai décidé de partir avec 3000 autres personnes. C’était le seul choix possible pour moi. J’étais l’un de ceux qui protestaient contre le régime et toute ma vie a été arrêtée à cause de cela. Et je ne voulais pas me joindre à l’armée syrienne pour tuer d’autres personnes, comme ils nous l’ont fait. C’était stupide de rester. Je suis parti.

Quand j’ai atteint Idleb en Syrie, j’ai appelé ma famille parce que je n’avais pas pu les voir avant mon départ. Ma mère a pleuré au téléphone. Je lui ai dit que l’exil était pour moi la seule manière de rester vivant. À Idleb, j’avais des sentiments étranges; j’étais sous le choc. Je n’avais jamais voyagé aussi loin de ma région. Je ne connaissais personne. Je me sentais si seul là-bas. J’ai parlé avec un de mes amis qui était en Turquie et il m’a dit de venir le rejoindre.

Première destination : la Turquie

J’ai commencé à chercher des passeurs pour traverser la frontière. Ce n’était pas facile à cette époque. Les soldats turcs tiraient sur tous ceux qui tentaient de passer et ils ont tué beaucoup de personnes. J’ai essayé deux fois de pénétrer en Turquie.

La première fois, des chars turcs nous ont tiré dessus. La deuxième fois, j’ai réussi et j’ai rejoint mon ami à Istanbul. La vie en Turquie était très difficile. Nous étions obligés de travailler comme des esclaves pour avoir juste assez d’argent pour manger et dormir. Moi, je voulais recommencer ma vie, étudier et vivre comme une personne normale qui a des rêves. J’ai travaillé 14 heures par jour en Turquie y compris le week-end. Mes rêves ont commencé à s’estomper. Pour toutes ces raisons, j’ai pensé à planifier mon départ pour l’Europe.

Deuxième étape la Grèce

La première étape vers l’Europe a été de passer par la Grèce. Ce n’était pas très difficile, comparé à mon passage en Turquie. Je suis passé par voie terrestre. En Grèce, j’ai rencontré un de mes amis à Athènes. Sa situation était très mauvaise. Nous avons commencé à parler de quitter la Grèce par voie terrestre. Dix jours plus tard, notre voyage a commencé.

Un aller-retour…

C’était l’hiver. Notre projet était d’aller en Albanie, au Monténégro, puis en Croatie, en Slovénie, en Autriche, en Allemagne, pour enfin arriver aux Pays-Bas. Nous avons pris des bus et des trains pour nous rapprocher de la frontière albanaise. Nous sommes arrivés à côté de la frontière pendant la nuit et nous avons commencé à marcher à travers les montagnes. C’était très effrayant, il y avait beaucoup d’arbres. Nous ne savions pas quel genre d’animaux nous pourrions rencontrer sur notre chemin. Nous avons marché pendant des heures sans boire ni manger. C’était une nuit très froide, nous avons enfin trouvé une source d’eau très pure et cela nous a aidés à continuer.

 Nous sommes arrivés au premier village d’Albanie. J’étais très fatigué. Mon ami m’a dit de m’asseoir pour que nous puissions nous reposer. Ce n’était pas une bonne idée car nous commencions à geler. J’ai failli mourir et je commençais à souhaiter que la police me retrouve. J’ai appelé le 112. On m’a dit que ce service fonctionne uniquement pour les pays de l’UE et l’Albanie n’était pas l’un d’eux. Nous devions continuer à marcher, peut-être que la police pourrait nous voir. La police nous a trouvé mais ils nous ont fait repasser la frontière vers la Grèce. La police nous a interdit de monter dans le bus parce que nous n’avions pas de papiers. Nous devions marcher 40 km pour rejoindre la ville la plus proche, ce qui était impossible vu notre mauvais état physique. Je voulais mourir. Il pleuvait sur nous. La police de la frontière nous regardait depuis leur bâtiment. Ils ne se souciaient pas vraiment que j’appelle le 112 plusieurs fois. Ils ne nous ont pas aidés. Je leur ai demandé de me mettre en contact avec le poste de police. Ils m’ont demandé pourquoi. Je voulais aller en prison pour dormir... Ils ont finalement résolu mon problème en nous mettant en prison pour toute la semaine.

L’arrivée en Belgique

En fin de compte, après bien des aventures et des difficultés, je l’ai fait ! Je suis arrivé par avion en Hollande, puis en Belgique, pays dont j’avais beaucoup entendu parler. La Belgique donne, à ceux qui sont comme moi, une nouvelle chance de recommencer leur vie.