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L’accueil et la migration

Témoignage - Elle nous raconte sa migration

Témoignage d’une dame guinéenne qui a fait le choix de fuir son pays. Motif de départ : éviter à ses filles d’être victimes de mutilations génitales féminines (MGF).

 

Dans mon pays, si quelqu’un accouche d’une fille, elle se fait exciser. Ma première fille a été excisée et à la naissance de ma 2ème fille, la famille de mon mari a voulu le faire aussi. Je ne le voulais pas, donc j’ai décidé de quitter le pays avec mes enfants. Mon mari nous a aidés à partir et je suis partie seule avec mes 4 enfants. Nous avons fait affaire avec des gens et ils ont tout organisé.

Un voyage en mer traumatisant

Nous avons pris l’avion jusqu’en Libye, puis une voiture nous a amenés près de l’eau. Là, j’ai vu des gens qui tuaient d’autres personnes. Ils ont tué quelqu’un devant mes enfants. Depuis, je ne suis pas tranquille. Les enfants pleuraient. Puis les gens nous ont amenés vers l’eau. Quand j’ai vu l’eau, j’ai dit « non ! ». Le passeur a dit : « tu y vas ou je te tue avec tes enfants », alors j’ai dit qu’on allait le faire. J’ai pris des habits pour les mettre sur les yeux de mes enfants, pour qu’ils n’aient pas peur, puis nous avons embarqué sur un bateau pendant la nuit. Tout s’est bien passé jusque 16h le lendemain. Il y a eu un trou dans le bateau. Ils m’ont dit : « toi qui a beaucoup d’enfants, on va les jeter à l’eau », tout le monde avait peur. J’ai parlé avec eux, j’ai dit « non, pas les enfants ! » Deux de mes enfants ont enlevé les habits de leurs yeux, j’avais peur, j’ai piqué une crise. Il a voulu prendre une de mes filles pour la jeter dans l’eau, j’ai crié « non ! », je l’ai rattrapée, puis je suis tombée. Depuis ce moment j’ai perdu la mémoire jusqu’à la côte. On m’a raconté que des gens nous ont récupérés.

L’arrivée en Europe

Après, ça a commencé à passer et j’ai retrouvé ma tête. Les gens qui nous ont pris dans l’eau nous ont amenés dans une ville. Là, nous étions logés. Les gens sont nombreux, il n’y a pas de contrôle. Chaque nuit les hommes entrent dans la chambre des filles. J’avais peur de me faire violer, ou mes enfants… Nous étions dans les rues toute la journée, les enfants pleuraient, je ne savais pas où aller. J’ai rencontré une femme peule, nous avons parlé. Elle m’a dit qu’un copain à elle pourrait nous aider. Il a acheté des billets pour que je puisse partir, puis il nous a emmenés jusqu’au bus. Nous sommes partis, ça a duré longtemps.

Destination finale : la Belgique

En descendant du bus j’ai demandé : « Ici, c’est où ? », ils m’ont dit que j’étais en Belgique. J’étais à la gare du Nord. Des gens dormaient dehors. J’ai demandé : « C’est où que je dois aller pour sauver mes enfants ? ». Ils nous ont donné des habits chauds et, à 5h du matin, ils m’ont montré où aller. Je suis arrivé à l’Office des Etrangers, j’ai demandé l’asile. Puis on m’a attribué une place dans un centre d’accueil avec mes enfants. Maintenant, nous sommes bien ici. Les enfants commencent à étudier et j’aime vivre ici. Je demande à Dieu que l’Etat de Belgique nous autorise à rester ici.