Une rentrée des classes pas comme les autres pour Rose et Silena, jeunes candidates réfugiées.
En juillet 2018, Rose et Silena*, 9 ans, ont fui le Burkina Faso avec leur maman afin d’échapper à l’excision. Accueillies dans un centre Croix-Rouge en Belgique durant leur procédure de demande de protection, c’est dans une nouvelle école qu’elles ont fait leur rentrée. Elles nous racontent!
La maman de Silena et de Rose était chef d’entreprise à Ouagadougou. Ses jumelles ne manquaient de rien et la vie était matériellement confortable. Elle a pourtant fait le choix de tout quitter. Pour leur éviter de souffrir autant qu’elle a souffert, suite aux mutilations génitales qu’elle a subies. « C’est un sacrifice pour mes enfants », explique-t-elle.
Elles ont 9 ans et, du jour au lendemain, sont devenues résidentes d’un centre d’accueil Croix-Rouge pour demandeurs de protection internationale, pour quelques mois au moins. Loin de leur environnement et de leurs camarades, elles doivent s’adapter à cette nouvelle vie. Entourées par leur maman et par les collaborateurs Croix-Rouge, elles semblent y arriver d’une main de maître.
Elles nous parlent de leur 1ère rentrée des classes en Belgique, mais aussi d’avenir et de vivre-ensemble…
Comment s’est passé votre rentrée des classes?
Silena: Ça s’est bien passé. On a trouvé des amis. On était stressées mais pressées aussi.
Rose: Après, on était épuisées. Il y avait tant de choses à faire : se réveiller à 6h, travailler, préparer son classeur.
Comment avez-vous été accueillies?
R: Au début, on ne parlait pas beaucoup. Ensuite, ça a été mieux. Moi, je me suis fait un seul copain. La plupart des enfants sont gentils, mais quelques-uns ne veulent pas jouer avec moi parce que je suis noire.
S: Ils disent ça pour rire. Ce n’est pas vraiment vrai…
R: Mais je n’aime pas plaisanter avec ça. Ça ne me fait pas rire.
Qu’est-ce que vous aimez dans la nouvelle école?
R: Les toilettes sont très propres. Et on fait aussi de la gym et du vélo (à partir de la 5ème année). En arrivant en Belgique, on ne savait pas faire du vélo. Nous avons appris ici.
Est-ce important pour vous d’aller à l’école?
R: Oui, parce que tu apprends des choses. Et quand tu vas grandir, ça pourra peut-être t’aider à compter vite, à travailler pour aider les gens, et à avoir un beau métier.
Ça serait quoi, pour vous, un beau métier?
S: Moi je voudrais être chanteuse.
R: Moi j’aimerais bien ouvrir un camp de vacances pour les gens avec une école de pâtisserie.
Pourquoi ces choix de métier?
R: Parce que si ma maman n’arrive plus à cuisiner, ou qu’elle est malade, je pourrai cuisiner pour elle. Et ma sœur, si elle est chanteuse, elle aura beaucoup d’argent et, avec ça, elle pourra soigner notre maman si elle est malade…
Qu’auriez-vous envie de dire à tous les enfants de Belgique?
S: Moi j’aimerais dire que ce n’est pas la couleur de peau qui compte.
R: Et moi j’aimerais leur demander pourquoi ils sont méchants avec les Noirs ? Ça c’est un mystère. Ça, j’aimerais bien savoir… C’est ce qu’on a dans le cœur qui compte…
*Par soucis de sécurité et d’anonymat, les prénoms ont été changés.