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L’accueil et la migration

A la rencontre d'Aïsha, 11 ans, originaire d'Irak

« Daesh n’aime pas mon prénom ! » C’est par cette phrase que commence son récit et c’est ainsi qu’elle m’apprend que chez les sunnites ce prénom a une importance toute particulière car c’est le nom de la femme préférée du prophète Mahomet et pour Daesh c’est un péché d’appeler sa fille « Aïsha ».

Elle suppose que c’est en partie pour cette raison qu’un jour, sortant de l’école avec son frère de 7 ans, un homme cagoulé l’attrape, lui pose un sac sur la tête et l’emmène jusqu’à une voiture. Á cet instant, un des vigiles de l’école assistant à la scène essaie d’attraper Aïsha par le bras pour la faire sortir du véhicule mais elle tombe et il doit la tirer sur le sol vers lui. Il tire alors plusieurs coups de feu en direction de la voiture qui disparaît en trombe. Elle conclut : « Je me suis vue morte. »

Quitter l’Irak

C’est après cet épisode que ses parents décident de quitter l’Irak avec leurs enfants, Aïsha, son petit frère et la promesse d’un autre dans le ventre de leur mère. Et c’est le départ dans la nuit.

Le premier pays qu’il leur faut rejoindre est la Turquie. Pour l’atteindre ils doivent traverser une chaîne de montagnes qui culmine à environ 3600 mètres. De cette épreuve Aïsha garde en elle la sensation « de ne plus pouvoir respirer », mais surtout l’image de squelettes jonchant les pentes caillouteuses. Elle les a d’ailleurs dessinés sur une feuille au-dessus de laquelle son doigt se balade : « il y en avait là, là et là ».

« Maintenant, je déteste la mer »

L’étape suivante est de franchir la mer Égée. Pour ce faire, son père paye des passeurs pour les embarquer sur leur bateau de pêche dans lequel s’entassent déjà un nombre effrayant de familles fuyant comme eux leur pays. L’équipage n’a pas plus de considération pour eux que pour des animaux. Aïsha en sera profondément choquée « Maintenant, je déteste la mer. » Cette violence présente en Irak et celle rencontrée sur la route sont encore très présentes dans sa tête. Même si on lui parle de la Belgique où elle est heureuse d’être, elle ne peut s’empêcher de me dire « Je dois être forte. Des gens peuvent nous frapper alors je dois être forte ».

Á l’annonce de la réponse positive que l’Etat belge donne à leur demande d’asile, Aïsha me souffle « je suis contente mais triste. Contente d’avoir une maison mais triste de quitter mes amis du centre. » Malgré son apparente joie de vivre et la douceur qui la caractérise, le regard d’Aïsha quelques fois se perd en elle. Il semble accrocher une image, un souvenir douloureux et ses yeux ne répondent plus vraiment. Elle me regarde sans me voir. Cela ne dure que quelques secondes mais assez longtemps pour me faire prendre conscience que le travail de la psychologue qui la suit depuis son arrivée en Belgique est indispensable.


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