"Je n'aime plus la mer", découvrez le contexte du documentaire d'Idriss Gabel
Ce qui frappe avant tout dans les témoignages des enfants, c’est la violence. Celle qu’ils vivaient dans leur pays, celle rencontrée tout au long du chemin, celle du dépaysement en arrivant en Belgique. Retrouvez les dates de projections sur la Page Facebook du film.
Ils emploient des phrases simples mais percutantes pour la décrire comme « je ne peux pas oublier le bruit des bombes dans mon pays », ou « je me souviendrai toujours de ma tête dans l’eau » ou encore « je ne comprends pas ce que je fais dans ce Centre ».
Et c’est ce qui ressort sans cesse pour ces enfants, cette incompréhension totale, alors que leurs parents les avaient convaincus que l’arrivée en Europe serait idyllique. Tout ce chemin escarpé, dangereux, quelques fois mortel, pendant lequel ils ne s’accrochaient qu’à un rêve pour tenir le choc : un futur joyeux, une vie douce et silencieuse, une maison qui tient debout dans un quartier où il n’y a pas de ruines, où il n’y a pas d’attentat ni de sniper qu’il faut craindre. « En Belgique je ne pensais pas arriver dans un commissariat. Je pensais arriver dans une maison. »
Ces « mensonges » de leurs parents pour les faire tenir face aux dangers de l’exil les ont marqués. Utilisés en situation d’urgence pour préserver les enfants, ceux-ci y ont cru fermement. A cette confusion vient se mélanger le mensonge des imposteurs, ceux qui sur la route tentent d’extorquer de l’argent par tous les moyens. « Des gens nous ont proposé de nous aider, mais ils ont menti ».
Bien sûr, la violence physique est traumatisante mais on peut s’en éloigner géographiquement et essayer au fil des années de se défaire de ses souvenirs, mais le rétablissement de la confiance envers les adultes mettra plus de temps à se reconstruire.
Tous ces témoignages m’ont bouleversé. Mais pour être bouleversé, il faut avoir l’opportunité de partager ces moments privilégiés, d’entendre ces témoignages. C’est principalement dans les centres d’accueil que l’on en fait écho. Quelques campagnes de différents organismes se penchent sur la question des enfants réfugiés mais cela ne fait pas la une de nos journaux. Ou alors, il faut que l’enfant s’appelle Aylan ou Samuël et qu’il gise sur une plage…
Ce mot « réfugié », qui alimente beaucoup de conversations ces dernières années, véhicule essentiellement des images négatives. Qu’ils viennent « voler notre travail, profiter du système » ou au contraire « fuir leur pays, éviter le pire », que l’on soit « pour » ou « contre » leur venue, les discussions autour de ce sujet revêtent rarement, à mon sens, un caractère positif.
Et quand on parle de « réfugiés », on pense de prime abord aux adultes, aux hommes et aux femmes. Rarement aux enfants qui les accompagnent. On leur impute de mauvaises intentions, on relève les travers des adultes, jamais l’innocence de ces enfants bousculés par le déracinement, la violence, le danger, les prises de décision pour survivre.
Mais malgré toutes ces épreuves, que certains ont quelques fois une facilité déconcertante à raconter, ils n’en restent pas moins des enfants pleins de joie de vivre et d’espoir pour le futur.
Au détour d’un couloir du centre d’accueil, alors qu’il est en train de regarder les enfants jouer entre eux, Mohammed, un irakien de 36 ans venu seul, réagit : « Les enfants ont une force inextinguible. Ils m’ont beaucoup surpris tout au long du trajet par leur détermination, leur courage face aux dangers qu’ils pouvaient rencontrer. Certains étaient même les moteurs de la motivation des adultes à continuer le chemin. »
Hélas, l’arrivée en Belgique dans des centres d’accueil ne marque pas pour autant la fin du périple, ni des incertitudes. Il reste encore des étapes à franchir qui alimentent les inquiétudes des parents et font ressentir aux enfants que des épreuves non identifiables les attendent encore.
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