Je ne les vois que quelques instants, mais je me souviendrai d'eux toute ma vie
« Je ne les vois que quelques instants, mais je me souviendrai d’eux toute ma vie »
Par Charlotte Hyest, déléguée de la Croix-Rouge en Grèce
Maria Louvrou, infirmière de la Croix-Rouge Hellénique, est sur l’île de Samos depuis 10 jours.
“Les journées sont rythmées par le flux des arrivées et des départs de centaines de personnes. C’est assez aléatoire. Aujourd’hui 126 personnes sont arrivées et nous avons apporté des soins à 20 d’entre elles. Dimanche il y avait plus de 1 000 personnes, elles étaient épuisées par leur route, et souffraient de différentes pathologies. Nous procurons les 1ers soins élémentaires, et si besoin des soins plus poussés.”
“Le besoins médicaux des personnes migrantes sont multiples. Avec les nuits passées dehors, les piqures d’insectes sont nombreuses, et sans accès à des sanitaires il y a de gros risques d’infection. Les longues et épuisantes marches provoquent des douleurs au niveau des jambes et des pieds. Les infections gynécologiques se développent également avec la chaleur et l’absence d’hygiène pendant plusieurs jours.”
La Croix-Rouge Hellénique traite en moyenne 50 patients par jours. Depuis mi-août, plus de 1 040 personnes, dont beaucoup d’enfants, ont été soignés. Pour les cas nécessitant une plus grande prise en charge et des soins d’urgence, une collaboration est faite avec l’hôpital de Samos.
“Tout ira bien avec la Croix-Rouge à mes côtés”
Les migrants ne restent pas longtemps. Beaucoup restent uniquement une journée au port de Samos avant de prendre un ferry pour Athènes, d’où ils continueront leur terrible périple. Ce turn-over de patients est une première pour Maria.
“Je les vois pendant juste quelques minutes, les examine, les soigne, et ils partent. Mais je me souviendrai de chacun d’entre eux toute ma vie. Leurs histoires, leurs sourires, leurs souvenirs…”
Une rencontre en particulier l’a marqué; “Je n’oublierai jamais cette femme syrienne. Elle était très jeune, très belle, et voyageait avec ses enfants. Elle avait tout perdu en Syrie. Dans ses yeux on pouvait y lire du courage, mais aussi de l’impuissance et de la peur. Après avoir soigné ses enfants qui souffraient de déshydratation et de piqures d’insectes, elle m’a demandé d’une manière tout à fait sérieuse si tout le monde en Europe était aussi chaleureux et gentils que nous. Puis elle a déclaré qu’elle espérait que tout se passerait bien, avec la Croix-Rouge à ses côtés.”
Une Clinique mobile est à Samos depuis le 1er octobre. Elle permettra à la Croix-Rouge Hellénique de mieux répondre aux besoins des migrants car leur trajectoire évolue et change au gré de la météo ou des passeurs. Egalement, afin d’intensifier son aide, des nouveaux volontaires arrivent et renforcent les équipes.
Depuis mi-aout, la Croix-Rouge Hellénique a distribué 4 600 abris/bâches, 3 450 kits de survie, 1 330 kit d’hygiène féminin, a apporté un support psychologique et accompagné des familles dans le rétablissement de leurs liens familiaux et la recherche de leurs proches disparus.